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NOTES

Thématique générale : La pensée est le corps agissant et le corps agissant est la pensée
"L'idée est que, justement, l'esprit n'est pas autre chose que le corps en mouvement" (Var02b)
Notre pensée est à l'échelle temporelle des actes que nous produisons


1 - Problématiques fondationnelles

Fondation

Le projet de fondation des mathématiques a échoué (Russell --> Gödel, Turing, question de la calculabilité) English

 

Le magma créatif que constitue le réel n'est épuisé par aucun système formel.
Le réel n'est pas atteint (en tant que tel, en tant que totalité ontologique) par le langage. Le langage ne permet que de désigner le réel (ou : le langage permet de convoquer le réel, de l'interpeller...).
Le langage comme système de représentation fait office de réalité, est un substitut de la réalité.
Le langage, ainsi que l'ensemble des propositions qui peuvent être formées au sein du langage, sont structurées autour de pôles d'attraction qui sont les propositions exprimables, conventionnelles.
Le langage est un système de représentation universel. Il n'y a pas de limite, a priori, à ce qui peut être représenté. Le langage est en constante évolution, et de nouveaux pôles de propositions exprimables se construisentet s'affinent en permanence. Des domaines se définissent en permanence, qui interpellent à leur manière un domaine du réel (en interaction avec un domaine du réel).
Le langage est dans un rapport de co-évolution avec le réel, étant en permanence nourri par le réel et participant en tant que tel à l'évolution des phénomènes du monde réel : le langage, non seulement convoque, mais façonne le réel.

Notion de "fenêtre d'intelligibilité" : principe d'explication, de causalité, permettant de décrire/prédire un ensemble circonscrit de phénomènes <==> réduction.
Une fenêtre d'intelligibilité est un lieu (formel) dans le domaine des propositions exprimables. L'élaboration de ce lieu est le fruit d'un consensus commun,  et met en place un formalisme commun. Il vise à circonscrire une classe de phénomènes autour d'un principe explicatif unique (invariant). Il est communicable, amendable et falsifiable par l'expérience.
Le réel est non défini. Il est structurellement en dehors de tout modèle.

Le réel est l'ensemble de ce qui est susceptible de constituer un partenaire d'interaction, l'ensemble des objets vis à vis desquelles nous sommes motivés dans le cadre de notre expérience.

Ce qui constitue les fondations d'une certaine ligne de recherche, en tant que lieu/domaine du discours scientifique, c'est le substrat de ce discours scientifique, soit :
  • c'est l'ensemble des interactions, échanges, colloques, réunions, livres qui sont produits autour d'une question précise.
  • c'est l'ensemble du discours scientifique, comme lieu/domaine à l'intérieur de l'ensemble des propositions et représentations fournies par le langage.

Un problème : l'extraterritorialité du langage. Utiliser les termes de lieu/domaine au sein des propositions exprimables, c'est suggérer un environnement abstrait, et donc détaché de tout substrat. Or, le langage n'est pas détachable fondamentalement des moments au cours desquels certaines phrases sont échangées, des dialogues sont engagés, des ondes sonores traversent l'air.
Le langage en tant que système de représentation (universel) émerge du substrat des interactions sociales (i.e.entre partenaires humains).
  • Il participe à la construction des institutions dont il fait partie, c'est à dire à la construction de l'imaginaire commun, de la définition des partenaires d'interaction et de la motivation vis à vis de ces partenaires.
  • Il définit des objets de substitution communément acceptés.
Le lieu d'un domaine du langage est l'ensemble des partenaires visés/interpellés/convoqués par ce domaine du langage, vis à vis desquels le symbole (ou ensemble de symboles) utilisé(s) est communément  accepté comme substitution.  Le lieu est institué (émerge) des interactions sociales, mais participe aussi à l'institution, et prescrit la désignation des partenaires associés.
Le (ou les) lieu(x) d'un certain type de discours (d'une réduction), c'est aussi l'ensemble des lieux physiques où ce discours est reproduit, construit, élaboré, débattu, lu, récité, enseigné. Il est l'ensemble des lieux où s'institue la réplication/la construction d'un imaginaire commun.




Imaginaire et création

L'imaginaire est l'acte par lequel un objet/partenaire accepté/institué comme substitution à un partenaire naturel/primitif
English

 

L'acte créateur revient à une convocation/mise en pratique de cet imaginaire dans une interaction avec un partenaire.

Invariant/variabilité

  • Lié à la querelle des universaux : nominalisme/réalisme
  • Quel statut pour les catégories (d'Aristote)?
English

 

"L'exploration du temps suppose le geste de la réduction et la détermination d'invariants descriptifs" (Var02, p. 343).

Réduction

Réduction = fenêtre d'intelligibilité
Réduction = clôture d'invariance causale
Réduction = système d'explication causal
English

 

Une réduction est un objet de substitution au réel (à l'ensemble des partenaires d'interaction), représenté à l'aide d'un langage (à reprendre).


Fonction/fonctionnalisme
Les fonctions (au sens de "rôle" au sein d'un certain mode d'interaction) n'interviennent pas en tant que facteurs causaux dans le monde phénoménal.
Il y a deux moments distincts : celui du phénomène en tant que tel et celui du discours sur le phénomène.
Ce que nous appelons fonction n'appartient pas en soi au moment où ont lieu les phénomènes en question, mais appartient au moment du discours sur ces mêmes phénomènes. De même le terme d'objet/acteur appartient au moment du discours sur les phénomènes.  La déclaration "le rôle de l'acteur est ..." est légitime dans le cadre d'un discours portant sur les différents facteurs participant à l'émergence d'un phénomène observé (par exemple une scène de crime). Mais, toujours au sein de ce même discours, le facteur causal est l'acteur lui-même, et non son rôle ou sa fonction. Dans la scène de crime, le coupable (facteur causal) est le meurtrier et non le rôle du meurtrier, et c'est d'ailleurs le meurtrier qui va en prison et non son rôle!
English

 

Accès

L'accès à un phénomène est la capacité à re-jouer un moment vécu.
Cf Besnier, "On ne doit pas négliger cette maxime essentielle de la phénoménologie, à savoir qu'elle procède par description d'une expérience que l'on doit donc re-faire", cité par (Var02).
English

 

L'accès à un phénomène (moment vécu) repose également sur  le choix de certaines "lunettes", donnant "accès" à certaines échelles/invariants de description :
  • les lunettes cognitivistes vont donner accès aux invariants structurels, à la notion de connaissance/croyance, de représentation.
  • les lunettes "dynamicistes" vont donner accès aux notions de désir, d'interaction, d'appentissage.
=> opération de sélection des objets d'étude pertinents.

Le terme d'accès peut être substitué au terme représentation dans le sens où accès est défini comme re-présentation (présentation à nouveau). Une re-présentaton est un média d'accès à ce qui a déjà été présenté (le noeud dans le mouchoir, la madeleine de Proust...). Re-présenter, c'est aussi "rendre présent à nouveau" : faire à nouveau surgir un phénomène dans le présent, rendre manifeste à nouveau, dévoiler à nouveau.



Emergence

Emergence : un concept qui échappe aux tentatives de fondation?
English

 

  • L'émergent est ce qui surgit à l'intérieur du cadre de la réduction, le phénomène qui apparaît non parce qu'il est nécessaire mais parce qu'il est possible. Le phénomène émergent exploite/explore les interstices du système d'explication causal proposé.
  • On sait depuis Gödel que tout système logique (clos) contient des proposition indémontrables (ni vraies, ni fausses). L'émergent est précisément ce qui s'instancie, au sein du système explicatif, qui conquiert un statut ontologique (vrai ou faux), non par nécessité mais par possibilité, non au sein du système mais depuis l'extérieur du système causal.

Pour aborder le concept d'émergence, il faut recourir à la métaphore de l'iceberg.
Ce qui émerge :
  • est absolument solidaire de ce qui n'est pas émergé
  • est parfaitement inscrit physiquement dans le substrat dont il émerge.
Il n'y a pas de différence substancielle, mais ce qui est émergé est plus saillant, "saute aux yeux", tandis que le substrat est "souterrain", mais non détaché de ce qui émerge (il soutient le phénomène émergé en terme de fondations).

Autre métaphore : l'écume à la surface de l'océan.

La notion d'émergence est à rapprocher de celle de causalité faible. La structure du substrat est nécessaire à l'irruption du phénomène émergent, mais l'enchaînement de causes locales au substrat n'expliquent pas à elles seules la survenue de ce phénomène particulier en ce lieu particulier (le phénomène est simplement rendu possible, facilité, suggéré).
La notion d'émergence est indissociable de la notion de substrat. La compréhension du phénomène émergent est indissociable de la compréhension du substrat, vis à vis duquel elle entretient un rapport de partenariat constant. Le phénomène émergent est un "membre de la famille" du substrat, un peu particulier, un peu démesuré/déviant : une sorte d'excroissance monstrueuse. Il reste néanmoins attaché à son substrat par des liens indélébiles. Le phénomène est profondément enraciné dans son substrat. Il est solidaire de son substrat.
Exemple : le langage est profondément enraciné dans le substrat des interactions sociales.

Un fonctionnement de type émergent se traduit par l'irruption de phénomènes prenant place à deux échelles différentes, i.e. le local et le global. On s'intéresse en général plus à l'effet global qu'à l'effet local, en ce que les effets de la coordination sont essentiellement sensibles à ce niveau.
Cependant, cet effet de "changement d'échelle" change également le paysage local, au sens où les acteurs locaux modifient leurs pratiques en adoptant le "style" du phénomène global. D'une certaine façon, les acteurs locaux (ou certains acteurs locaux) se fondent dans le "moule commun".
  • une boulette de terre participe à  un certain agglomérat lors de la construction de colonnes dans une colonie de termites.
  • les vers luisants oscillent en phase avec une communauté de congénères.
  • un neurone "investit" son activité dans la participation à une assemblée neuronale, adopte le style de cette assemblée.
  • au sein d'une société, il y aura une manière commune de désigner un oiseau, de tresser un panier, etc...
avec un effet de distribution/déterritorialisation/mutualisation des phénomènes locaux. Les acteurs locaux  adoptent un caractère "universel" (font "partie du club"), en ce qu'ils peuvent clairement être identifiés comme participant à un certain phénomène global dont l'extension dépasse leur horizon. Cette participation peut être tout à fait temporaire, comme ce ver luisant qui se retrouve en un certain lieu dans un certain temps en compagnie d'un groupe de congénères, ou au contraire se consolider, s'inscrire dans la durée, avec la possibilité de "jouer à nouveau".

Cet investissement étend les "compétences" de l'acteur local, en ce qu'il devient solidaire d'un projet commun. Cette extension de compétence peut avoir des conséquences sur la nature de l'activité produite localement, qui peut tendre à devenir plus spécialisée, moins diversifiée, selon un phénomène de consolidation (lié au réinvestissement dans un investissement qui "rapporte"). Cette tendance à l'hyperspécialisation peut conduire à une différenciation locale, qui n'aurait pas eu lieu sans l'émergence primitive du phénomène global. Le global agit donc sur le local en participant à la modification des compétences locales (le caractère contingent/émergent du phénomène global vient en retour s'inscrire dans les compétences locales).

Par ailleurs, la distribution/réplication par consolidation d'un  même modèle sur tout un territoire participe à l'apparition d'une "culture" commune. Il y a un phénomène et de réplication à l'identique d'un certain modèle sur un certain domaine. Ce modèle est en soi pré-inscrit localement. Si on reprend l'exemple du langage, chacun apprend à associer des suites de phomèmes à une série d'événements perceptifs partagés, parfaitement arbitraires, mais distribué sur tout un territoire.

Les  "catégories" ou classes, qui peuvent être identifiées, ne sont pas des propriétés universelles détachées du substrat. Ce sont au contraire des traces d'un phénomène d'organisation/accrochage émergent dont l'extension sur un certain territoire se répercute au niveau local.

En retour, le phénomène émergent acquiert son extension spatiale/domained'action  par sa capacité à mobiliser à tout instant les acteurs locaux  sur l'étendue de ce territoire. Ce domaine d'action (ou d'existence) est d'un degré d'ordre supplémentaire à celui des acteurs locaux.

Ainsi, par exemple, l'apparition de la vie au sein dela soupe primitive, en tant que phénomène massif de reproduction, peut être vu comme la conséquence d'un phénomène émergent global qui a poussé les acteurs locaux à une sur-spécialisation. Autrement dit, un phénomène simple de résonance dans le milieu primitif a eu tendance à produire des îlots ou les concentrations en acides aminés et nucléiques devaient être importantes. Les changements de milieu local liés à ces plus fortes concentrations ont du conduire à des modifications/assemblages dont certains ont renforcé la stabilité du milieu, etc...


2 - L'action



Phénoménologie de l'action

"L'idée est que, justement, l'esprit n'est pas autre chose que le corps en mouvement" (Var02b)
English

 

  • Mach : thèse de l'identité psychophysique : " A tout événement psychique correspond un événement physique et vice-versa. A des processus psychiques équivalents correspondent des processus physiques équivalents, et à des processus psychiques non équivalents des  processus physiques non-équivalents. [...] Au détail des événements psychologiques correspond le détail des événements physiques " (Cité par Thom02)
  • Objection naïve à cette théorie : les neurones ressemblent à une jungle très enchevêtrée, parcourue de nombreuses lianes... Pourquoi nos pensées n'ont-elles pas la forme de cette jungle et de ces lianes?... Autrement dit, pourquoi les deux accès au même phénomène sont-ils si dissemblables?
  • Suggestion d'amendement de l'hypothèse psycho-physique : la pensée (ensemble de moments psychique) correspond non à l'ensemble des phénomènes physiques qui prennent place dans notre organisme, mais à ceux qui participent à la mise en oeuvre d'une action, ou encore au processus correspondant à l'action en cours, instancié par le corps agissant. C'est le corps physique en tant que clôture agissante, et non en tant que tel (en tant que clôture).
  • L'esprit a toute l'étendue de nos possibilités d'action (et des structures de couplage impliquées dans la réalisation de cette action).
  • L'esprit est de l'ordre de la proposition d'une action non encore accomplie. Une action en cours d'accomplissement ou dont l'accomplissement est banal et ne présente aucun enjeu n'accède pas (ou accède faiblement) à la conscience. La conscience est de l'ordre de l'enjeu d'une action à construire/élaborer dans un univers incertain (vis à vis duquel il est nécessaire d'être réactif/de s'adapter), nécessitant une mobilisation de toutes les ressources corporelles. Le degré de conscience peut être rapproché du degré de mobilisation des ressources corporelles dans l'élaboration d'une action. Voir Imaginaire et création.
  • On peut faire une petite digression sur la notion d'inconscient, en tant que révélateur d'une impossibilité/interdiction  d'action, ancrée dans l'expérience, comme par exemple l'interdit de l'inceste qui interdit de voir/percevoir ses proches comme des partenaires sexuels. Faire émerger à la conscience des processus inconscients, c'est réexaminer certaines possibilités d'interactions (et également rejouer ces interactions dans le cadre du transfert). Le refoulement peut être vu comme caractéristique de l'empêchement (social) d'une interaction.
 

Phénomène = moment auquel le sujet accède ?
A quoi avons nous accès dans le cadre de l'expérience? Ce qui est pensable est-il assimilable à ce qui est manipulable? (l'ensemble de ce sur quoi nous pouvons agir? L'ensemble de ce sur quoi nous projetons d'agir?)




Action/pro-action : fondation historique/génétique

"Au commencement était l'action" (Goethe) English

 

Historiquement, dans l'histoire de l'évolution, l'action peut être vue comme précédant la perception. On peut penser à des êtres unicellulaires primitifs, équipés d'un petit radicelle par exemple évoluant dans le milieu parfaitement au hasard.
La perception vient ensuite, comme une "amélioration" évolutive, et fournit des indications qui guident et infléchissent l'action, comme par exemple dans un premier temps la sensiblité à un gradient.

L'action n'est pas strictement pilotée/guidée par les perceptions. Elle est plutôt infléchie, réactualisée, mise à jour par les perceptions. La perception facilite la mise en oeuvre de l'action.

Perception motivée/éligibilité

  • On peut parler du contenu intentionnel d'une représentation, mais également de l'éligibilité d'un objet perçu comme partenaire de l'interaction. On peut remplacer représentation par proposition d'interaction.
  • L'objet est vu comme:
    • désirable ou aversif
    • structure d'interaction potentielle (dans toute l'étendue de cette structure)
English

 

Le cerveau :
  • un système auto-organisé et motivé, ouvert sur le monde.
  • un système projectif : le cerveau "interroge" le monde. (Cf Changeux). Le système nerveux reste projectif même si on ferme les yeux et les oreilles.

ttt               

Les objets de transfert :
  • Ensemble des objets qui "font office de" partenaire dans le cadre d'une interaction, comme le chiffon peut remplacer la présence de la mère chez le jeune enfant, ou la balle qui fait office de proie dans un jeu avec un animal domestique. Le caractère non sérieux est reconnu, mais l'objet fait néanmoins accepté en tant que substitut dans le cadre de l'interaction. Cette substitution est admissible dans des moments où  le désir/l'appétit n'est pas trop aiguisé, en situation de loisir/d'oisiveté.
  • Le caractère symbolique d'un objet est acquis en tant qu'il constitue un substitut acceptable/éligible pour un certain type d'interactions. L'objet acquiert la capacité à représenter un objet parce qu'il est accepté comme substitut de l'objet en question. Le rôle assigné au substitut est constitutif de l'imaginaire du sujet.
  • L'objet substitut ne doit pas être confondu avec l'objet prescriptif, qui précède la réalisation (comme un ordre : visée de réalisation de l'objet exprimé); exemple : le maître qui met son manteau devant la porte est prescriptif d'une promenade pour le chien, le mâle dominant prescrit une attitude soumise, etc... (Cf conditionnement de Pavlov). (il me semble a priori que l'objet prescriptif précède l'objet substitut dans la chaîne de l'évolution).
  • Le langage constitue une excroissance un peu démesurée de ce principe de substitution, au sein duquel l'objet substitut (l'ensemble de phonèmes formulés) participe au façonnage du réel, c'est à dire acquiert un caractère prescriptif. Voir plus haut. Le langage devient alors un outil grâce auquel l'homme acquiert un pouvoir sur la nature/sur ses semblables. L'objet nommé est convoqué au même titre que la poupée Vaudou convoque la personne à ensorceller.
  • Un mot, en tant que son émis au titre d'objet de substitution, est en tant que tel un partenaire dans le cadre de l'interaction courante, au même titre que la balle est un partenaire dans le cadre du jeu entre le maître et son chien.

On peut distinguer 3 degrés dans l'évolution des attributions faites à des objets de substitution (niveau croissant de "sophistication"):
  • objet/partenaire prescriptif (qui annonce ou préfigure un certain type d'interaction) Le partenaire est un "précurseur de ..." ex : une certaine molécule présente dans le milieu préfigure une source de nourriture ou un partenaire sexuel.
  • objet/partenaire substitutif (qui fait office/remplace un certain type d'interaction) .
  • objet/partenaire instrumental qui devient un média d'accès à un certain type d'objet/partenaire désiré (ex : le baton pour attraper les temites, la mère qui est perçcue comme média d'accès à une sucrerie, etc...) "rôle à trois" dans une interaction.

Husserl : "Revenir aux choses mêmes"

Le langage est devenu suffisamment riche pour exprimer le fait que les choses ne sont autre chose que les choses elles-mêmes, individualisables, séparables, espacées, situées. Les mots que nous prononçons en tant que substituts, voués à couvrir des catégories entières de nos partenaires courants, ne sont en tant que tels que des désignations, et non des catégories intrinsèques à la réalité environnante, comme l'illusion qu'ils produisent pourrait le laisser croire (Cf "Ceci  n'est pas une pipe" de Magritte).

Les mots sont cependant des partenaires de la vie courante, en tant que mots. (on peut faire une analogie avec la structure du cerveau, au sein de laquelle certaines zones dédiées aux sens des mots (Wernicke) et à leur articulation (Broca), dans le lobe temporal, agissent en partenariat avec l'ensemble du cortex, dans la mise en oeuvre de schémas d'interaction)

Les mots participent également à un processus d' invocation/évocation/convocation des catégories désignées, et par extension à la reproduction/réplication et/ou à un mouvement de rapprochement/mimétisme conduisant à des comportements identitaires de la part des partenaires désignés.

action

Français English

 


action

Français English

 

2 - Systèmes dynamiques


Itinérance

La notion de moment (voir de moment vécu) est à rapprocher de la notion d'itinérance, au cours de laquelle la transition d'un attracteur à l'autre correspond au passage à des moments différents.
English

 


Agrégat

... agrégat ...
English

 

3 - Neurosciences


Approche computationnelle/approche dynamique

Dans le cadre de l'approche computationnelle de la vision, il est courant d'avoir une approche pyramidale, où l'information suit un "goulot d'étranglement" des formes simples vers des formes élaborées, de couche en couches au sein desquelles les neurones deviennent de plus en plus spécialisés jusqu'à aboutir à un neurone "grand-mère" censé représenter une version complète, un "symbole" dont l'activation manifeste la reconnaissance du stimulus.
Une approche strictement "neurone grand-mère" n'a plus guère de défenseurs à l'heure actuelle, mais beaucoup de chercheurs en neurosciences perçoivent toujours le fonctionnement de la voie ventrale selon ce schéma.
Dans le cadre d'une approche dynamique (Var02), plutôt que de décrire un schéma hiérarchique et orienté, des calculs simples et élémentaires vers les calculs élaborés et intégratifs,  on choisit plutôt un schéma non-hiérarchique et non orienté. Dans ce cadre, les différentes couches (modules) sont de simples partenaires, l'activité de chacun étant plus particulièrement dédiée à une certaine modalité qualitative de l'environnement visuel, et plus généralement du schéma d'interaction en cours. L'intégration n'est pas réalisée en fin de course, mais émerge de l'activité cohérente (et synchronisée) de ces différents modules. Il n'y a pas de neurone "grand-mère" car il n'y a pas de nécessité de neurone grand-mère! Le moment cognitif qui évoque l'image de cette grand-mère est le fruit de l'activité conjuguée des différents modules du système visuel. Par exemple, la précision des contours cernés au centre du champ visuel (fovea) est le fruit de l'activité de V1. Le module participe avec les autres à l'enrichissement/la mise à jour de la texture mixte et unifiée du moment présent.

Illustration : si on supprime dans le cortex le module qui reconnait la modalité "rouge" dans l'environnement, toute notion de rouge disparait de la conscience du sujet : perceptions, concept, souvenirs... Le rouge ne fait plus partie des "partenaires" de la construction des moments cognitifs, et perd donc toute "existence" : il ne "manque" pas, il n'est pas ressenti comme absent, il "s'évanouit", il n'"est" plus.
English

 


Le moment présent

L'activité neuronale qui constitue le moment présent est autonome et continue. Celle-ci est en permanence présente et active (pendant l'éveil), elle n'est en aucun cas recréée ou remise à zéro par chaque nouvelle capture d'information dans l'environnement.
Le moment présent : texture complexe mettant en jeu des processus à différentes échelles temporelles (des processus dont la durée est variable).
  • Certains processus assurent la continuité du sentiment de soi (Cf Damasio), en tant que socle/soubassement/réceptacle des moments conscients. On est "un " et pas "deux", on est "soi" et pas "l'autre".
  • Au sein de ce processus "au long cours", on distingue des moments caractéristique de l'investissement sur un sujet d'intérêt, sur lequel l'attention peut être portée de façon soutenue. Ces moments sont constitutifs de l'action/interaction courante, et leur durée/intensité est portée par l'enjeu que le sujet lui confère. Exemple : poursuite d'une proie, participation à une course d'aviron, etc...
  • Ces processus sont complétés par une connaissance/conscience de la situation du corps dans son environnement : le monde ne bascule pas quand on bascule la tête : quelque chose dans l'activité cérébrale reste et demeure, comme empreinte de la position du corps dans l'environnement. De la même manière, la scène visuelle se manifeste comme étant là, en soi, et la fovéa, qui explore envron 1 degré du champ visuel, se contente de mettre à jour très localement le contenu de la scène, le reste étant majoritairement "complété" par l'activité endogène.
  • Au sein de cette activité courante, des moments plus brefs sont bien décrits dans Var02 : les assemblées cellulaires, dont l'activité peut se décrire sur 3 échelles : 1/10 (niveau élémentaire de discrimination/identification, par exemple d'événements simultanés et/ou successifs), 1 (co-activation d'une assemblée, séquence d'assemblage-désassemblage , émergence-extinction, intégration/relaxation d'un moment cognitif) et 10 (horizon descriptif/narratif).
English

 

Rétention/protention :
  • La rétention peut être assimilée au "désir de", qui anticipe et facilite l'émergence d'une nouvelle transition. remarque : le futur est forcément quelque chose d'"autre" vers lequel on tend, et ce qui continue/se maintient est manifestement de l'ordre du présent.


Apprentissage

L'apprentissage repose sur des situations de propositions d'actions/interactions au sein d'un environnement incertain et motivant, voir Phénoménologie de l'action.
English

 

Le noeud originaire/explicatif de la constitution de la pensée repose sur le complexe proposition/motivation (émotion)/apprentissage, ou proposition/consolitation d'action dans un monde incertain et motivant.
avec 3 moments (pas forcéments distingables):
  • L'appétit.
    • Une "pré-interaction"/préparation à l'interaction/délibération : une "prise de possession"/prise en main/appropriation de l'environnement, une recherche du dévoilement/révélation de ce qui est "caché". L'environnement est sondé/criblé/"passé au peigne fin" par les sens (les sens sont au service de l'action, et non l'inverse...).
    • Les partenaires éligibles/pertinent sont extraits du "magma" environnemental.
    • A rapprocher de la notion d'attracteur où le complexe sujet/environnement est "attiré" vers le couplage structurel.
  • La consommation.
    • La proposition en tant que telle : le ou les moments d'interaction au cours desquels le ou les partenaire(s) élu(s) sont sollicités, où s'opère le couplage structurel, où l'interaction est "consommée".
    • Cette consommation implique ou suggère un couplage structurel qui peut être plaisant ou pénible, et cette évaluation qui accompagne l'acte participe à sa consolidation.
      • partenaires sexuels
      • proie/prédateur
    • Le couplage structurel en tant que tel, qui implique une activité coordonnée de toutes les parties.
  • La satiété.
    • L'achèvement/le désinvestissement. L'acte consommé est désinvesti du champ des motivations courantes.
    • La désynchronisation/décohérence.


On peut prendre une analogie freudienne de l'investissement sexuel/libidinal et de la sublimation des appétits primitifs sur des objets de transfert. La motivation promitive serait d'ordre libidinal/volonté de puissance.

Interaction

L'interaction peut être cohérente ou concurrente :
  • exemple d'interaction cohérente :
    • partenaires sexuels
    • l'outil et l'artisan
  • exemple d'interaction concurrente :
    • proie/prédateur
Les interactions cohérentes se caractérisent par des patrons dynamiques réguliers, périodiques, synchrones. Les interactions concurrentes se caractérisent par des patrons d'activité irréguliers, chaotiques, imprévisibles.
English

 

Forme/Moment :
Toute interaction est dotée d'une certaine forme (~= patron dynamique), qui est celle des couplages structurels opérés au cours de l'interaction, et prend place sur une certaine durée. On peut parler d'un moment d'interaction.

L'outil :
  • faire émerger un outil, c'est élire un objet inanimé au rôle de partenaire/médiateur d'une certaine forme d'interaction.

 4 - Contrôle

Vie artificielle

Dans le cadre du projet de la vie artificielle, il me semble que:
  • le seul terrain d'expérimentation pour une approche "purement" émergentiste en sciences cognitives me semble être celui des processus informatiques, ou on doit pouvoir observer comment des briques élémentaires s'assemblent pour la constitution de structures closes et organisées, et comment des reproductions/évolutions peuvent se mettre en place.
  • L'idée de base est de définir la notion de membrane, dans la lignée de l'autopoïèse : une entité doit être constituée de différents processus, certains étant aptes à communiquer avec tous les autres processus (processus membrane), d'autres ne pouvant communiquer qu'avec les processus membres de l'entité (processus interne). Chaque processus a la possibilité de se dupliquer lorsqu'un temps processeur suffisant lui est alloué.
  • J'ai des notes la dessus quelque part ...
English

 

Algorithmes génétiques

Une notion qui me paraît fondamentale pour le bon fonctionnement d'algorithmes génétiques, c'est la nécessité d'une non spécialisation des populations sélectionnées, avec donc la définition d'un critère de distance entre les différents individus sélectionnés, qui permet d'explorer en simultané différents minima locaux, et de maintenir la richesse et la diversité des comportements proposés. ---> notion de "sharing", voir.
English

 

 5 - Réseaux de neurones artificiels

Fiches biblio

Butz, M. V., Sigaud, O. and Gérard, P. (2003) Anticipatory Behavior : Exploiting Knowledge About the Future to Improve Current Behavior, in M.Butz et al. (Eds) Anticipatory Behaviors in Adaptive Learning Systems, LNAI 2684 : 1-10.



  • "The anticipatory behavior is referring to behavior that is dependent on predictions, expectations, or beliefs about future states"
  •  inplicit anticipation/explicit anticipation
 


Land, M., Mennie, N., Rusted, J. (1999) The rôle of vision and eye movements in the control of activities of daily living. Perception 28 : 1311-1328.

French English

 



Thompson, E., Noë, A. et Pessoa, L. (2002) La complétion perceptive : une étude de cas en phénoménologie et en sciences cognitives.  Naturaliser la phénoménologie, Petitot, J., Varela, F. J., Pachoud, B. et Roy, J.-M. eds, CNRS Editions, Paris.

French English

 



Varela, F. J. (2002) Le présent spécieux : une neurophénoménologie de la conscience du temps.  Naturaliser la phénoménologie, Petitot, J., Varela, F. J., Pachoud, B. et Roy, J.-M. eds, CNRS Editions, Paris.

  • Le geste de la réduction : repose sur une reconsidération de notre rapport intime au temps, par opposition à la représentation physique/computationnelle d'une échelle de temps linéaire.
  • Ce moment intime, en ce que nous y avons accès et pouvons donc le décrire, est une donnée importante dans la tentative d'explication de notre conscience du temps, en partenariat avec des observations physiques.
  • On peut noter que la "mise entre parenthèses" de notre connaissance de notions telles que "seconde", "minute", et le fait qu'une minute est composée de 60 secondes, nous amène à réfléchir à une perception dont la "texture" est strictement non numérique, où le sens même de "minute" et "seconde" s'évanouit.
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Varela distingue 3 échelles de durée dans l'expérience du temps présent: 1/10, 1 et 10 (sans unité), qui peuvent être ramenées aux propriétés de l'activité du substrat neuronal :
  • l'échelle 1/10, i.e.ce qui est perçu en termes d'événements de discrimination "micro-cognitifs", et qui correspond à des durées activations observées de l'ordre de 300-500 ms.
  • l'échelle 1, i.e. ce qui est "vu" comme un "moment de présent" pleinement constitué, et qui correspond au développement complèt et suivi de l'activité d'une assemblée neuronale.
  • l'échelle 10, qui est celle de l'enchaînement des moments de présent, et qui est une forme de "présence de continuité narrative".

Les "moments de présent" peuvent être assimilés à l'activité synchrone d'une assemblée neuronale. Ces moments prennent place sur une certaine durée (dite durée "1", au sens qu'elle est de l'ordre de la seconde), correspondant à un cycle d'assemblage/désassemblage d'un groupement fonctionnel d'aires distribuées ("collées" par un accrochage de phase). Le point important est que cette contrainte temporelle constitutive de la dynamique neuronale se révèle également :
  • au niveau comportemental, au sens où "les mouvements auto-initiés" sont contenus dans des durées de 2 à 3 secondes (voir aussi Land 99).
  • au niveau des performances d'estimation de durées : "les sujets peuvent estimer précisément des durées de 2 à 3 secondes".
  • "Dans de nombreuses langues, la parole est organisée de telle sorte que les expressions s'étendent sur 2 à 3 secondes" (on peut ajouter : les syllabes forment des entités/aggrégats qui sont de l'ordre 1/10, le mot étant dans ce cas dans un statut intermédiaire).
  • etc...
Bref , par rappport à le thématique générale : notre pensée est à l'échelle temporelle des actes que nous produisons.



Varela, F. J. (2002) Autopoïèse et émergence.  La complexité, vertiges et promesses, Benkirane R. ed, Le Pommier, Paris.

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